BENCHMARKING Secteur Minier
BENCHMARKING Secteur Minier
Perspective du Secteur Minier en Tanzanie
Cette session a réuni les experts Cyrus Eng et Peter Munyi, ingénieurs miniers, pour discuter des opportunités et défis liés au développement du secteur minier au Burundi. La discussion a également permis de préparer une visite de terrain en Tanzanie dans le cadre du projet PRET financé par la Banque mondiale.
Présentation des experts :
Cyrus Eng : Spécialiste de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE), avec une expérience concentrée sur l’or en Afrique de l’Est.
Peter Munyi : Consultant en exploration minière et développement de politiques, ayant travaillé sur des projets couvrant l’or, les minerais industriels et critiques, et les pierres précieuses.
Tendances mondiales et régionales dans l’industrie minière :
Une demande croissante pour les minéraux critiques (nickel, cobalt, lithium) essentiels à la transition énergétique, particulièrement pour les batteries et technologies vertes.
L’intégration de technologies avancées, telles que les drones et la traçabilité par blockchain, pour améliorer l’exploration et garantir des pratiques éthiques.
Une attention accrue aux pratiques responsables, notamment via des certifications comme Fairmined et Fairtrade, avec un accent sur l’impact social et environnemental.
Recommandations pour le développement du secteur minier au Burundi :
Exploitation à grande échelle : Mettre en place un cadre légal clair et stable pour attirer les investisseurs, centraliser les données géologiques dans une base accessible (incluant les archives coloniales), et développer des infrastructures clés comme les routes et l’électricité pour faciliter le transport et la transformation des minerais.
Exploitation artisanale et à petite échelle (EMAPE) : Encourager des partenariats pour financer et équiper les artisans mineurs, promouvoir des initiatives de valeur ajoutée telles que le raffinage de l’or et la fabrication de bijoux, et garantir une coexistence équitable avec les grandes entreprises grâce à des zones dédiées aux mineurs artisanaux.
Renforcement du contenu local :
Exiger des entreprises minières qu’elles s’engagent à employer des travailleurs locaux, à former les communautés, et à utiliser des biens et services locaux.
Instaurer des accords de développement communautaire pour garantir que les revenus miniers profitent directement aux populations locales.
Aperçu de la visite en Tanzanie :
La mission inclura des rencontres avec des entités publiques et privées, telles que Stamico (compagnie minière d’État) et la Women Association of Mines, ainsi que des visites de sites, notamment une mine artisanale d’or à Geita et le projet Kabanga Nickel, exemple de collaboration internationale. La découverte d’un hub de valorisation de l’or à Mwanza permettra également d’explorer les processus de traçabilité et de commerce.
Le Burundi peut s’inspirer de l’expérience tanzanienne pour structurer son secteur minier, en intégrant les meilleures pratiques en matière de contenu local, de coexistence entre l’EMAPE et les grandes entreprises, et de politiques transparentes. La collaboration avec des partenaires internationaux et la valorisation locale des ressources pourraient transformer le secteur minier en un levier clé pour la croissance économique et le développement durable.
Perspectives sur l'exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) en Ouganda - M. Okunde Joshua
Cette session a accueilli M. Okunde Joshua, chargé de projet principal à Solidaridad Eastern Central Africa. Spécialiste de l’EMAPE, il a partagé son expérience sur la formalisation et la professionnalisation du secteur artisanal, en mettant l'accent sur la transparence et la durabilité. Cette discussion s'inscrit dans le cadre du projet PRET financé par la Banque mondiale pour soutenir le développement économique au Burundi.
Présentation de l'expert :
Okunde Joshua : Acteur clé dans des initiatives visant à formaliser les EMAPE en Ouganda. Il a contribué à la mise en œuvre du premier projet africain d’or certifié équitable. Joshua est aussi impliqué dans la promotion de la traçabilité et de la conformité environnementale pour les minéraux critiques tels que l'or et les 3T (étain, tungstène, tantale).
Tendances et défis mondiaux :
Demande croissante de traçabilité et de durabilité : En Europe, la diligence raisonnable, influencée par les normes de l’OCDE, renforce la demande d’approvisionnement éthique des minéraux, mais les mécanismes de certification imposent des contraintes supplémentaires aux exploitants artisanaux.
Accès limité à la technologie et aux données géologiques : Le manque de données fiables contraint les mineurs artisanaux à des opérations inefficaces, aggravées par l’utilisation de technologies rudimentaires comme le mercure, amplifiant les impacts environnementaux.
Manque de financement et d’incitations : Les coûts élevés de conformité et d’investissement en technologies freinent la formalisation et la compétitivité des EMAPE.
Recommandations pour le développement de l'EMAPE au Burundi :
Formalisation et renforcement des capacités : Simplifier les cadres légaux, recenser les mineurs actifs, et définir des zones dédiées aux EMAPE pour encourager leur conformité et professionnalisation, tout en mutualisant l’accès à des équipements modernes via des subventions.
Partenariats et incitations économiques : Encourager les collaborations entre EMAPE et grandes entreprises pour intégrer des chaînes de valeur responsables, soutenues par des subventions et allégements fiscaux pour les acteurs conformes.
Traçabilité et transparence : Mettre en place un suivi décentralisé avec des inspecteurs régionaux pour collecter des données en temps réel, renforcer la traçabilité et réduire les pertes liées à la contrebande.
Joshua a souligné l'importance d'une législation proactive et d'un soutien institutionnel pour maximiser la valeur ajoutée locale. Les enseignements ougandais, notamment sur la gestion des EMAPE et la traçabilité, offrent des pistes pertinentes pour structurer le secteur minier burundais. Il a insisté sur la formalisation, la mécanisation et les partenariats entre gouvernements, acteurs privés et organismes internationaux pour renforcer la compétitivité et la durabilité du secteur tout en l'adaptant aux réalités locales.
Initiative pour la Population et le Développement (IPD) – M. Alpha Ntayomba
M. Alpha Ntayomba, directeur exécutif de l’Initiative pour la Population et le Développement (IPD) en Tanzanie, a présenté les activités de l’ONG et partagé ses expériences sur la promotion des pratiques minières responsables. L’IPD est active dans plusieurs régions minières et se concentre sur l’amélioration des conditions de vie des communautés locales à travers des initiatives axées sur la santé, la conservation de l’environnement, et la gouvernance participative.
Points principaux abordés :
Défis des communautés minières artisanales :
Les mineurs artisanaux font face à des conditions difficiles dues au manque d’accès à l’eau potable, à des infrastructures sanitaires insuffisantes et à des pratiques de réhabilitation des sites miniers quasi inexistantes.
Approches stratégiques de l’IPD :
L’ONG développe des outils d’évaluation des sites miniers pour analyser leurs impacts sociaux et environnementaux. Elle forme des agents locaux pour surveiller les activités minières et encourager la transparence, tout en collaborant avec les grandes entreprises pour renforcer la coexistence entre exploitations artisanales et industrielles.
Initiatives clés :
L’accent est mis sur l’éducation et la sensibilisation des communautés locales afin de favoriser des pratiques responsables et sur la promotion de solutions participatives pour résoudre les conflits entre acteurs miniers.
M. Ntayomba a souligné l’importance de stratégies nationales pour formaliser les activités minières artisanales et intégrer des pratiques durables. Une collaboration renforcée entre gouvernements, ONG, et grandes entreprises est essentielle pour maximiser l’impact social et économique tout en minimisant les dommages environnementaux. L’IPD plaide pour des politiques favorisant une gouvernance inclusive et le développement des infrastructures nécessaires dans les zones minières.
Fair Cobalt Alliance – Mme Candice Jumwa
Mme Candice Jumwa, ingénieure minière expérimentée, a présenté son travail avec la Fair Cobalt Alliance (FCA), une initiative multipartite soutenant les pratiques durables dans les communautés d’exploitation artisanale et à petite échelle (ASM) de cobalt en République Démocratique du Congo (RDC). Créée en 2020, la FCA vise à promouvoir des pratiques minières équitables et sécurisées, tout en améliorant les conditions de vie et en contribuant à une transition énergétique juste.
Défis de l’exploitation artisanale de cobalt :
Conditions de travail précaires : Les mineurs artisanaux font face à des environnements dangereux, un manque d’équipements de protection individuelle (EPI), et une exposition accrue aux risques sanitaires et environnementaux.
Absence de régulation efficace : Les exploitations artisanales restent en grande partie informelles, freinant l’adoption de pratiques responsables.
Problèmes sociaux : La dépendance aux revenus issus du cobalt contribue à la vulnérabilité économique et sociale des communautés.
Initiatives de la FCA :
Amélioration des standards de sécurité : Fourniture d’EPI et mise en place de formations pour réduire les risques liés aux activités minières.
Appui aux communautés locales : Développement de programmes pour améliorer les moyens de subsistance des mineurs, tout en soutenant des pratiques plus durables.
Partenariats stratégiques : Collaboration avec des parties prenantes locales et internationales pour favoriser l’inclusion sociale et renforcer la gouvernance dans le secteur.
Mme Jumwa a mentionné que des initiatives similaires pourraient être adaptées au contexte burundais pour formaliser l’exploitation artisanale, renforcer les capacités locales, et encourager des pratiques durables et équitables dans le secteur minier. La FCA démontre l’importance de solutions collaboratives et inclusives pour relever les défis de l’exploitation artisanale. Les enseignements tirés de la RDC pourraient inspirer des approches similaires dans d’autres pays, y compris le Burundi.
Alliance pour une Mine Responsable (ARM) – Lucie Lopez
Lucie Lopez, responsable de la formulation de projets à l’Alliance pour une Mine Responsable (ARM), a présenté les initiatives de cette organisation dédiée à l’amélioration des conditions des mineurs artisanaux et à petite échelle (ASM). Fondée en 2004 en Colombie, l’ARM élabore des solutions innovantes pour rendre le secteur minier plus équitable et durable.
Défis de l’exploitation artisanale et à petite échelle :
Absence de formation formelle : Les mineurs artisanaux apprennent sur le terrain, sans cadre structuré.
Problèmes environnementaux : Utilisation inappropriée de produits chimiques et gestion insuffisante des déchets.
Sécurité et conditions de travail : Manque d’équipement de protection et risques élevés pour la santé des travailleurs.
Initiatives clés de l’ARM :
Standards et certification : Développement des normes CRAFT pour atténuer les risques et du label Fairmined, offrant une prime économique pour des pratiques responsables.
Accompagnement technique : Amélioration des pratiques sociales et environnementales des coopératives minières.
Soutien à la gouvernance : Promotion de cadres de dialogue multipartite et intégration des communautés dans les processus décisionnels.
Impact et réalisations :
ARM a soutenu plus de 150 organisations minières à travers le monde, touchant environ 44 000 personnes.
Le label Fairmined a permis d’instaurer des pratiques responsables tout en offrant des bénéfices économiques directs aux mineurs.
Mme Lopez a souligné que l’expérience de l’ARM en Colombie et ailleurs pourrait inspirer des initiatives similaires dans des pays comme le Burundi. Ces approches, combinant normes internationales, gouvernance inclusive et renforcement des capacités, peuvent transformer le secteur minier artisanal en un moteur de développement durable et équitable.
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